lundi 21 mars 2016

Allô Maman bobo...

On dit que c'est dans l'adversité que l'on reconnaît ses vrais amis... Mais qu'en est il de sa famille?
Je me suis souvent étalée ici sur l'abandon de mon père et ses conséquences... Me voilà arrivée au point où j'ai besoin de parler de ma mère...

Elle et moi on a eu des relations tendues pendant mon adolescence, et les choses ont dégelées quand j'ai quitté le domicile familial à 19ans. On a commencé à se voir parce qu'on en avait envie et plus par obligation.
Moi, je trouvais ma mère super cool : je pouvais sortir avec elle et mes amis, elle ne jugeait pas nos soirées, elle allait en concert métals, en festivals... Et on était en plein dans les dramas juridiques avec mon père, donc sa présence m'était d'autant plus précieuse, comme un contraste éclatant avec l'absence de celui-ci...

Seulement même si on s'amusait et que je l'idéalisais, on n'a toujours pas réussi à être proches... En même temps, être vraiment proche de quelqu'un a toujours été difficile pour moi... Oui je peux raconter ce qui m'arrive, comme un narrateur externe... Les sentiments? Ils me paraissent évident. Et si on ne me questionne pas dessus, je ne vois pas l'intérêt de les balancer au visage des gens...
Du fait de l'hypersensibilité de ma famille, j'ai toujours été génée, embarassée par les sentiments, et n'ai jamais ressenti de soulagement à déballer les miens...
On me l'a souvent reproché "tu ne nous dis rien", "tu gardes pour toi"... Comme si je devais m'ouvrir pour les autres... Si ça me va à moi de ne pas pleurnicher au téléphone pour un oui ou pour un non... Devrais-je m'ouvrir juste pour les autres? C'est un concept qui m'a souvent dépassée...
Il n'empêche que ce concept, ce manque d'étalage de sentiments et d'émotions, m'a souvent été reproché par ma mère, toujours à me gronder que je ne raconte rien... Moi j'ai toujours trouvé cela "amusant" qu'elle se dise que ça vienne de moi... Parce qu'effectivement je me confie et m'ouvre peu, mais peu ne veut pas dire jamais... Il y a des personnes qui réussissent à m'ouvrir, auxquelles je me confie même si ce n'est pas souvent... Ma mère ne fait pas partie de ces personnes...
Seulement, après maintes et maintes réflexions comme quoi "mais je suis ta mèèèère tu peux tout me dire", et maintenant que je suis en dépression, j'ai décidé d'ouvrir mon coeur à ma mère, j'ai décidé pour la première fois de l'appeller au secours. Parce que c'est la première fois que je suis face à quelque chose plus gros que moi, que mes sentiments m'étouffent, que j'ai besoin d'aide pour remonter à la surface...
Et la réponse de ma mère est des plus décevante...

De mon côté, ce que je vois, c'est un détachement... Avant on se téléphonait, plus maintenant... Quand je lui demande de venir me voir (demander quel euphémisme c'était une avalanche de message pour qu'enfin elle me donne une date...), elle menace d'annuler sa visite pour des broutilles, et quand elle est là, elle se comporte en invité pour les choses importantes, est sans gêne pour celles sur lesquelles elles devraient se réfréner, passe une journée à bouder pour une réflexion qu'elle a mal pris...
Et là, pour moi c'est une grosse blessure interne...

Je ne sais pas à quoi ça ressemble une famille "normale", je suppose qu'il y a autant de style différents qu'il y a de famille... Mais pour moi, appeler ma mère à l'aide c'était espérer être couvée, qu'on s'occupe de moi... Que ce soit dans le pratique; courses, ménage, etc... et dans le mental (viens on va se faire les ongles! et si on se regardait ce film rigolo?)... Mais non, moi j'ai eu une adolescente à la maison! Quelqu'un à distraire, à occuper... Quelqu'un qui avait l'air d'être venue pour passer un week end de dépaysement aux Pays-Bas et pas pour s'occuper de sa fille en dépression...

Depuis son départ (on parle du mois de janvier), aucun plan n'a été fait pour que l'on se retrouve...
Et hier, hier au cours d'une conversation sur facebook, j'apprends qu'une semaine de vacances est prévue entre elle, mon frère (incluant belle-soeur et nièce), et mon cousin (avec également sa petite famille) cet été... Et personne ne m'a invitée...
Alors oui on va me dire que le fait que ce soit mentionné compte pour une invitation, que j'exagère d'être vexée que c'est n'importe quoi et bla et bla et bla...
J'assume totalement le fait que ma dépression me rend parfois très paranoïaque, et que je n'ai plus de filtre! Mon tact s'en est allé et les choses sortent de ma bouche comme elles sont arrivées dans ma tête. Donc j'ai répondu que j'étais vraiment vexée.
Et encore une fois, je n'ai pas eu la réaction espérée...

Je comprends que je ne suis pas facile à vivre en ce moment, mais ce que je fais subir aux autres, ce n'est pas le 10ème de ce que je subis chaque jour... Ce que j'attends des autres? Pas qu'ils me guérissent... Pas qu'ils remettent en question les choix que j'ai fais pour me guérir (mais t'es sûre que ta psy elle est bien? et pourquoi tu prends pas de médicaments?)... Simplement qu'ils soient là pour moi, qu'ils s'intéressent à moi, surtout surtout qu'ils ne se formalisent pas quand parfois mon ton est sec, et qu'ils aient de la patience... Oui il y a beaucoup de choses que je prends mal et c'est parfois irrationnel, et c'est parfois exagéré, mais il faut me le faire comprendre... Ma mère, elle fait tout ce qu'il ne faut pas et dans cette dernieère situation elle m'agresse, se braque, puis c'est silence radio...
Trois psys, trois fois que ma relation avec ma mère est décortiquée, explicitée, trois fois qu'on me dit la même chose : je ne peux pas la changer.
Je le sais, mais là je suis vraiment vraiment déçue... Il ne s'agit plus pour moi d'une dispute comme on en a eu des centaines parce qu'elle se met à texter en plein dîner au restaurant... Pour moi c'est la preuve que ma mère n'est pas là pour moi... Qu'elle est incapable de se faire passer en second, de faire preuve d'un peu de maturité dans un moment où moi je ne peux pas prendre sur moi...

Alors maintenant je fais quoi?...
Couper les ponts me semble drastique, et mon unité parentale ne se composant que d'une personne, les conséquences risquent d'être assez déplaisantes...
Me replier dans le silence en attendant qu'elle fasse un grand geste qui me prouve son intérêt?... Je risque d'attendre longtemps...
Faire comme d'habitude? Quelques jours de silence puis se reparler comme si de rien n'était? Je ne crois pas en être capable... Quelque chose s'est vraiment brisé en moi, je me sens vraiment délaissée, je lui en veux vraiment...

Je me demande ce que ça fait de faire partit d'une famille unie, aimante, qui ne passe pas son temps à se disputer pour des broutilles et pour qui le bien être des uns et des autres compte plus que le sien...

Il semblerait que je sois également exclue de ma famille...

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